Les fleurs de cimetière


Son corps est parsemé d’une myriade de grains de beauté. Cette mosaïque brune est la partie visible d’une maladie génétique rare et héréditaire : Xeroderma Pigmentosum. Elle se traduit par une extrême sensibilité de la peau à la lumière.

Certaines de ces tâches irrégulières sont des lésions qui peuvent se transformer en cancer de la peau. La fréquence d’apparition de tumeur cutanée est 4000 fois plus élevée chez les personnes porteuses du gène Xeroderma. Cette anomalie génétique touche plus particulièrement les populations du Maghreb et du Moyen-Orient. Comme les fleurs des champs, ces fleurs de peau se nourrissent des rayons du soleil. En Algérie, sur sa terre natale, on les surnomme les fleurs de cimetière.

Se protéger la peau, les bras, les mains, les jambes, est devenu un quotidien. Elle porte des vêtements amples, des étoffes et des tissus qui permettent de bloquer les rayons du soleil. L’été, son visage est protégé par un large chapeau et elle choisit toujours la place à l’ombre. Ma mère a appris à se méfier du soleil, et à ses côtés, ma famille a adopté les mêmes gestes.

Ce travail photographique autour d’un gène héréditaire prend la forme d’un dialogue familial entre une mère et sa fille, comme un message d’espoir face à la maladie.


2022-2024
Série exposée à la Galerie Triangle (Arles) et à l’UPP Maison des Photographes (Paris).